L’intervention humanitaire au Népal après le séisme

Suivez cette page pour connaître au jour le jour l’évolution de la réponse au séisme. Si vous disposez d’informations importantes que vous aimeriez partager, faites-nous-en part sur Twitter @irinnews. 

3 MAI
La couverture médiatique internationale des réponses aux crises met en général l’accent sur les organisations d’aide humanitaire internationales et les Nations Unies, mais les intervenants locaux sont souvent plus importants. Le Népal compte de nombreux ONG locales bien établies qui accomplissent un travail incroyable. Juliette Rousselot en a rencontré quelques-unes dans le cadre d’un photoreportage.
 

« La première aide reçue par la centaine de résidents de Dalchowki, un village du Centre-Ouest, n’a pas été fournie par le gouvernement, les Nations Unies ou l’une des nombreuses ONG internationales arrivées dans le pays après le tremblement de terre d’une magnitude de 7,8 qui a secoué le pays il y a une semaine. Elle est venue d’un réseau spontané de bénévoles locaux, qui sont souvent les premiers sur les lieux ». 


1 Mai

UN NOUVEAU VISAGE  


Le journaliste d’IRIN Naresh Newar s’est rendu aujourd’hui dans le village isolé de Ghumarchowk, situé à 8 km de la capitale Katmandou – un trajet de trois heures sur une route de montagne rocailleuse, escarpée et dangereuse. Sur place, il a rencontré Nirmala Tamang, 20 ans, son mari Surendra, 28 ans, et leur bébé de deux ans. Cette famille, qui compte parmi les plus pauvres du village, a tout perdu dans le tremblement de terre : sa maison, son bétail et ses réserves de nourriture. La famille vit désormais dans ce petit abri sans porte, mais cela ne l’a pas empêché de partager des rires avec Naresh, la première personne à entrer dans le village depuis le tremblement de terre. 

 

AU CŒUR DU CENTRE LOGISTIQUE
Comment transporter un hôpital gonflable de 35 tonnes et d’une capacité d’accueil de 54 lits de l’aéroport de Katmandou jusqu’au district de Gorkha, situé près de l’épicentre du tremblement de terre ? Tout est question de logistique. Dans cet article, Obinna Anyadike, envoyé spécial d’IRIN, nous fait découvrir la zone de transfert humanitaire du Népal, un élément crucial des efforts d’urgence internationaux.

PETIT LEXIQUE DES ACRONYMES DE L’AIDE D’URGENCE 

« L’UNDAC et l’OSOCC sont sur le terrain, et le CRNU assume aussi les fonctions de CH. Parmi les besoins, on distingue les ANA, la RCA, les WASH et la CIMIC ; le FTS enregistre toutes les promesses de contribution. Une IA-RTE et une NA de style MIRA vont bientôt être lancées, tandis que l’INSARAG encadre les équipes de l’USAR, de l’ISAR, les EME et leurs chiens (K9) ».

Si vous n’avez pas tout compris, lisez les explications d’IRIN sur les acronymes – trop souvent – utilisés par les agences d’aide humanitaire et les autres organisations qui répondent aux catastrophes. 

 

LES AGRICULTEURS ET LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE MIS A MAL

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a indiqué qu’une fenêtre d’opportunité critique s’ouvrait pour aider les agriculteurs népalais à préparer l’imminente saison des semailles de riz.

« Les agriculteurs qui rateraient la saison de plantation débutant fin mai seraient incapable de récolter du riz, aliment de base du pays, jusqu'à la fin de 2016. Ceci, couplé aux pertes probables des récoltes de blé, de maïs et de stocks alimentaires, limiterait sérieusement l'approvisionnement alimentaire et les revenus dans ce pays d'Asie du Sud où près des deux tiers de la population dépendent de l'agriculture pour leur subsistance », indique la FAO.

L’agence des Nations Unies demande huit millions dollars de toute urgence pour aider les agriculteurs à se remettre sur pied et prévient que la destruction des marchés et des infrastructures, y compris des routes et des systèmes de drainage ô combien importants, risque de compromettre le commerce intérieur.

IRIN a examiné les racines de la pauvreté des zones rurales au Népal en se penchant sur la situation à Cheskam, communauté isolée de l’est du pays, dans ce rapport publié l’année dernière.

Rita Rai est assise sur les débris de son ancienne maison, dans le village isolé de Banghar

Rita Rai est assise sur les débris de son ancienne maison, dans le village isolé de Banghar

L’IMPACT ECONOMIQUE

Près d’une semaine après le tremblement de terre, la Banque asiatique de développement a rendu public sa première évaluation de l’impact du séisme sur l’économie népalaise.
La première information à retenir est une légère baisse des prévisions de croissance pour 2015 – de 4,6 pour cent à 4,2 pourcent. Toutefois, si la situation continue de se détériorer, elles pourraient être ramenées à 3 pour cent.

Autres points importants :

  • L’inflation devrait augmenter de 7,7 pour cent à 8 pour cent, avant d’enregistrer une baisse en 2016
  • Le Népal peut se permettre d’enregistrer un petit déficit pour financer les projets de reconstruction
  • Le niveau des transferts de fonds envoyés par les Népalais installés à l’étranger – ils représentent environ 25 pour cent de l’économie du pays - devraient augmenter dans les jours à venir. 

30 Avril

BRÈVES NOUVELLES EN CE SIXIÈME JOUR

  • Selon les estimations, 61 équipes de recherche et sauvetage en milieu urbain (USAR en anglais) se trouvent actuellement sur le terrain. 
  • Il a été demandé à toutes les équipes de recherche et sauvetage en milieu urbain qui ne sont pas encore arrivées au Népal de « se désister », c’est-à-dire de ne pas se rendre dans le pays.
  • L’intervention des équipes de recherche et sauvetage en milieu urbain au Népal est maintenant passée à l’étape de la récupération des corps. Il a été conseillé aux équipes qui ne seraient pas prêtes à effectuer ce genre d’intervention de préparer leur départ.
  • Jusqu’à cinq jours après le séisme, des survivants étaient encore sortis des décombres, dont des enfants. 
  • Près de 5 000 écoles auraient été détruites par le séisme, selon une estimation de Save the Children. Dans la vallée de Gorkha, 90 pour cent des 500 écoles du district sont en ruine ou lourdement endommagées, a déclaré l’organisation, précisant que 75 000 écoliers seraient concernés. 
  • Voici une version actualisée de l’indice de gravité du séisme :

Indice de gravité du séisme au Népal – Version 4, 30 avril

Indice de gravité du séisme au Népal – Version 4, 30 avril

FAUT-IL CRAINDRE UNE ÉPIDÉMIE DE CHOLÉRA ?

Alors que des milliers de personnes dorment dans des camps, souvent dans des conditions insalubres, les craintes d’épidémies de maladies liées à l’eau comme le choléra se multiplient. Ce n’est cependant pas un phénomène nouveau. Comme le montre le schéma ci-dessous, les épidémies de choléra sont courantes au Népal. 

LES EFFORTS DE LA POPULATION LOCALE POUR CARTOGRAPHIER LA CRISE

Les médias du monde entier se focalisent sur l’intervention internationale et il est donc facile d’oublier les efforts de groupes népalais comme Kathmandu Living Labs, qui ont recours avec succès à leur communauté de férus de technologie. 

Cliquez sur ce lien pour accéder à la carte interactive qu’ils ont créée après avoir vérifié et intégré les comptes-rendus des dommages causés par le séisme à travers le pays :


LES ORGANISATIONS HUMANITAIRES AFFLUENT AU NÉPAL

Au lendemain d’un séisme d’une ampleur telle que celui de magnitude 7,8 qui a secoué le Népal, la précipitation des organisations humanitaires pour venir en aide aux sinistrés peut facilement mener au chaos, a expliqué Kristy Siegfried, journaliste d’IRIN. Les organisations humanitaires ont-elles tiré les leçons des erreurs commises par le passé ? En Haïti, par exemple, l’afflux de centaines d’organisations humanitaires et de la société civile, dont un grand nombre n’avait aucune connaissance du pays, s’était avéré impossible à coordonner et, dans certains cas, leur intervention avait fait plus de mal que de bien.

Dans ce nouvel article, IRIN se demande quel est le nombre maximum d’organisations humanitaires pour une intervention efficace et comment coordonner au mieux leurs actions pour qu’elles soient plus utiles que préjudiciables aux secours d’urgence. 

29 Avril

« ACCABLÉES PAR LE DEUIL » 

Notre reporter Naresh Newar vient de rentrer d’une journée à l’extérieur de la capitale à la rencontre des sinistrés. Il a décrit dans un article l’état de désespoir dans lequel ils se trouvent :

« La route était difficile et le trajet était plus long que je pensais […] Je ne pouvais pas laisser les familles trop tôt, car elles étaient accablées par le deuil et pleines de reconnaissance parce que personne n’était encore venu les voir. Elles étaient soulagées de nous voir et voulaient que nous restions. C’était une expérience très émouvante. Aucun journaliste, secouriste ou représentant du gouvernement n’avait pris la peine de les rencontrer. Un enfant avait été écrasé et la plupart des autres avaient échappé de peu à la mort. Les enfants nous racontaient comment ils s’en étaient tirés. Toutes les maisons étaient détruites et ils sont tous très pauvres. »


DE L’IMPORTANCE DE BIEN COMMUNIQUER

Dans ce nouvel article, Imogen Wall explique comment le Népal apporte une nouvelle preuve de l’importance de la communication pour les survivants de catastrophes. L’article souligne les leçons essentielles tirées des séismes précédents, ainsi que les meilleures pratiques. La nécessité de bien communiquer et l’idée que l’information est en soi une forme d’aide sont de plus en plus reconnues comme un aspect urgent mais sous-financé des interventions en cas de catastrophe. Voici un extrait de l’article : 

Kunda Dixit, rédacteur en chef de l’hebdomadaire réputé Nepali Times, ne travaillait pas l’après-midi du 25 avril. Il avait profité de ce samedi pour aller randonner dans les montagnes qui surplombent Katmandou avec quelques collègues.

Ils descendaient le long d’une crête lorsque la terre a commencé à trembler. Ils ont observé avec horreur les nuages de poussière s’élever de la capitale. « Nous nous sommes serrés dans les bras. Certains d’entre nous pleuraient », a-t-il relaté. Puis « nous avons sorti nos téléphones portables ». 


APPEL AUX DONS DE 415 MILLIONS DE DOLLARS

Les Nations Unies ont lancé un appel aux dons initial de 415 millions de dollars pour financer l’aide humanitaire immédiate au Népal.

Éléments clés de l’appel :

  • Le gouvernement népalais dirige les opérations de secours par le biais du Centre national des opérations d’urgence (NEOC), avec le soutien des Nations Unies et de la communauté internationale.
  • Les 415 millions de dollars ne financeront que les opérations des trois prochains mois au Népal.
  • Ces fonds seront principalement consacrés à l’alimentation (128 millions de dollars), à la santé (75 millions de dollars) et aux abris (50 millions de dollars).
  • Les principaux objectifs sont d’éviter les épidémies, de répondre aux besoins alimentaires et de construire des abris.

Cet appel de 415 millions de dollars a pour but de répondre aux besoins immédiats et ne semble pas prévoir de couvrir les dépenses de reconstruction.

L’UTILISATION DE DRONES

Voici une vidéo intéressante de la BBC (en anglais) sur l’utilisation de drones par les organisations humanitaires pour cartographier les besoins. Sujet brûlant dans le monde de l’humanitaire, l’utilisation des drones est à la fois efficace et controversée

L’AÉROPORT RESTE SURCHARGÉ

L’envoyé spécial d’IRIN, Obi Anyadike, est arrivé à Katmandou, mais il a passé plusieurs heures à survoler l’aéroport en attendant de pouvoir atterrir. D’autres personnes récemment arrivées ont connu ce même désagrément. L’aéroport ne dispose que d’une piste d’atterrissage et ne semble pouvoir accueillir que huit avions à la fois. Cet engorgement entrave l’acheminement de l’aide et des travailleurs humanitaires, même si l’aéroport de Pokhara, la deuxième ville du pays, est lui aussi ouvert. 

PILLAGES ET MENACES

Un nombre croissant de rapports inquiétants font état de pillages et de menaces à l’encontre de travailleurs humanitaires.

Selon l’agence de presse Reuters, 200 Népalais auraient manifesté devant le Parlement pour protester contre le manque de bus disponibles et un convoi humanitaire aurait été attaqué sur la route menant à la région reculée de Sindulpalchowk. Des rixes entre les forces de l’ordre et des personnes en quête désespérée de nourriture et d’eau ont été signalées. D’après une dépêche de l’AFP, un camion transportant de l’eau potable aurait été forcé à quitter la route et les pilleurs auraient lancé les bouteilles qu’il contenait à la foule. 

NOUVEAU POINT SUR L’INTERVENTION

Voici un nouveau point sur l’intervention humanitaire :

— Les derniers chiffres du gouvernement comptent 4 358 morts et 8 174 blessés. Les équipes de recherche et sauvetage ont dégagé 14 personnes des décombres. 

— Certains villages reculés ont enfin reçu de l’aide, largués par hélicoptère. Mais les secours n’ont toujours pas accès à de nombreuses zones. 

— Le Népal a dit aux organisations humanitaires qu’il n’avait plus besoin d’équipes de sauvetage étrangères, car son armée a les capacités suffisantes pour faire face à la situation. Le pays a en revanche demandé un soutien financier. 

— Selon le dernier compte-rendu de la situation des Nations Unies, près de 90 pour cent des établissements de santé des régions de Ramechapp, Nuwakot, Sindhupalchowk et Gorkha ont subi de lourds dommages. 

— Les chaînes de télévision et les journaux népalais continuent de fonctionner grâce à leurs réserves d’énergie, mais ils risquent d’être à court de combustible dans les prochains jours, d’après le dernier rapport de l’ONG Communicating with Disaster Affected Communities (CDAC). 

— Les Nations Unies continuent de demander des dons dans le cadre de leur appel éclair

— Des milliers de personnes quittent Katmandou, la capitale, pour essayer de retourner voir leur famille dans leur village d’origine ou pour se réfugier en Inde. 

LA SITUATION SANITAIRE DANS LES CAMPS NÉPALAIS EST DE PLUS EN PLUS PRÉOCCUPANTE 

Depuis le séisme, des milliers de familles dorment dehors, dans des camps de fortune (Naresh Newar/IRIN)

Depuis le séisme, des milliers de familles dorment dehors, dans des camps de fortune (Naresh Newar/IRIN)

Au lendemain du terrible séisme de samedi, des centaines de camps de fortune ont fait leur apparition en périphérie de Katmandou. Certaines personnes ont vu leur logement détruit par la catastrophe, tandis que d’autres ont tout simplement trop peur des répliques sismiques pour se réinstaller dans un bâtiment en dur. Selon les organisations humanitaires, il est urgent d’améliorer les conditions de vie dans les camps, car le manque d’hygiène risque de bientôt menacer la santé de la population. C’est d’ailleurs ce qu’a remarqué Naresh Newar lors de sa visite de certains camps pour IRIN. 

28 Avril

« IL FAUT FAIRE APPEL À L’ARMÉE »

Dans le monde entier, les organisations humanitaires se gardent souvent de travailler en collaboration trop étroite avec des militaires par crainte de mettre en péril leur indépendance. Mais dans le cas présent, selon Mervyn Lee, conseiller de Mercy Corps travaillant au Népal et fort de 30 ans d’expérience, elles pourraient avoir davantage besoin de l’armée qu’à leur habitude.

M. Lee estime qu’en raison de l’isolement des personnes qui ont besoin d’assistance (voir deux articles plus bas), acheminer de l’aide sans hélicoptère risque d’être très difficile. Et qui donc dispose de nombreux hélicoptères ? L’armée, bien sûr.

« L’armée indienne a envoyé environ 15 ou 16 hélicoptères et, si j’ai bien compris, d’autres devraient arriver. Les hélicoptères sont de loin le meilleur outil pour évaluer les dégâts dans les zones reculées, pour évacuer les blessés et pour acheminer de l’aide. »

« Lors du séisme de 2005 au Pakistan, l’armée pakistanaise avait vraiment pris en main la conduite des opérations. Même les organisations qui avaient tendance à ne pas travailler avec des militaires ont soudain réalisé que ce genre d’opérations étaient impossibles sans l’armée, qu’elle était indispensable. Et elle a apporté des services logistiques et de transport par hélicoptère énormes. Si cela n’est pas organisé ici et que nous ne commençons pas à opérer de cette manière, ces personnes ne recevront pas l’aide dont elles ont besoin avant longtemps. »


Une maison en ruine à Katmandou, la capitale du Népal (Naresh Newar/IRIN)

Une maison en ruine à Katmandou, la capitale du Népal (Naresh Newar/IRIN)

« ENVOYEZ DE L’ARGENT, PAS DU MATÉRIEL »

Selon M. Willitts-King, la capacité du Népal à distribuer du matériel est extrêmement limitée. Il estime donc important que ceux qui souhaitent apporter leur aide envoient de l’argent plutôt que du matériel d’occasion.

« L’aéroport [de Katmandou] est minuscule. Il ne possède qu’une seule piste. Des tentatives ont été faites pour décharger plus rapidement les avions [mais] tout est fait manuellement, tout est très lent. »

« C’est une opération de secours de très grande ampleur, il faut qu’elle se déroule sans incident […] Il y a beaucoup de bonne volonté et des personnes peuvent donner des vêtements d’occasion en voulant bien faire [mais] ces dons seraient très difficiles à gérer. »

« Les capacités du gouvernement ne sont pas énormes, c’est un pays pauvre qui ne s’est pas encore complètement remis d’une guerre civile. Leur capacité à gérer [du matériel d’occasion] est très limitée. »

« UNE RÉGION DANS LAQUELLE IL EST IMPOSSIBLE D’ACHEMINER DE L’AIDE »

Joe Dyke, journaliste d’IRIN, vient de s’entretenir avec Barnaby Willitts-King, chargé de recherches pour le programme humanitaire de l’Overseas Development Institute (ODI), au sujet des difficultés auxquelles seront confrontés les travailleurs humanitaires au cours des prochaines semaines.

Selon M. Willitts-King, qui a vécu trois ans au Népal lorsqu’il travaillait pour les Nations Unies, il va être extrêmement difficile d’acheminer de l’aide dans les régions montagneuses proches de l’épicentre du séisme comme Gorkha. Il a par ailleurs souligné que ces zones rurales reculées comptaient un nombre disproportionné de femmes et d’enfants.

« Ici, les familles sont plutôt pauvres, la plus grande partie des revenus provient des hommes qui migrent vers les villes ou les pays du Golfe et envoient de l’argent. »

« De nombreuses localités ne sont pas desservies par des routes. Une grande campagne a été menée pour relier au moins les centres régionaux par des routes, mais ce n’est souvent pas le cas des villages. Les Népalais parcourent à pied des distances incroyables pour chercher à manger et de nombreux produits sont délivrés par porteur. »

« Les hélicoptères sont importants pour savoir où se trouvent les [villages], mais les routes posent un gros problème. Une route peut être complètement dégagée jusqu’à ce qu’un glissement de terrain se produise et qu’elle soit bloquée pendant des jours. »

« Il est très difficile d’acheminer des matériaux de construction pour reconstruire des maisons. Je me souviens qu’au [Programme alimentaire mondial] nous transportions du ciment par hélicoptère. »

« Mais même dans ce cas, il est rare de trouver des espaces plats pour atterrir par hélicoptère. »

UN POINT SUR LES CHIFFRES

Huit millions de personnes ont été touchées. Un million d’enfants ont besoin d’aide humanitaire.

Ce sont les chiffres les plus récents. Ils peuvent sembler arbitraires, mais une certaine méthodologie a été suivie pour y parvenir.

« L’estimation du nombre de personnes touchées a été calculée à partir des données du recensement de 2011 et des indications du gouvernement, selon lequel 50 pour cent de la population des districts sinistrés auraient été touchés », a spécifié l’équipe de coordination des Nations Unies pour le Népal dans un compte-rendu de la situation. « Ce chiffre comprend les foyers vivant dans des logements fragiles et de mauvaise qualité dont les murs ou les fondations sont faits de matériaux ne respectant pas les normes. L’intensité du séisme estimée pour chaque lieu a également été prise en compte pour déterminer le nombre de foyers touchés. Ces chiffres ne se basent que sur des données et des modèles de référence. Ce sont des estimations indicatives ne pouvant être utilisées qu’au stade préliminaire des projets. » 

À l’heure actuelle, ces chiffres sont forcément imprécis, car peu d’informations fiables sont disponibles. Ils pourront être revus à la hausse ou à la baisse à mesure que nous en apprenons plus sur la situation, mais quoi qu’il en soit, les besoins sont évidemment immenses.

QUI FAIT QUOI ?

Voici quelques informations supplémentaires sur les organisations humanitaires présentes au Népal, sur leurs activités et sur leur lieu d’intervention. InterAction, qui rassemble de nombreuses organisations humanitaires américaines a dressé une liste bien utile de ses membres intervenant au Népal et de leurs activités. La majorité des organisations commencent à peine leurs opérations et restent pour l’instant concentrées à Katmandou, la capitale. Cela confirme ce dont nous ont fait part d’autres sources : il reste extrêmement difficile d’acheminer de l’aide hors de la capitale. 

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies a créé une page Internet rassemblant toutes les informations clés sur l’intervention humanitaire. 

LE RETOUR DE LA PLUIE

Mauvaise nouvelle pour les Népalais qui doivent dormir dehors et pour les organisations humanitaires qui tentent de leur venir en aide : la pluie est revenue. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires a signalé qu’il risquait de pleuvoir pendant les dix prochains jours. 

Matt Darvas, de World Vision, a publié une vidéo des précipitations dans la province de Gorkha, qui risquent selon lui d’entraîner de nouveaux glissements de terrain et d’entraver les opérations de recherche et sauvetage par hélicoptère. 

ALLÈGEMENT DE DETTE POUR LE NÉPAL ?

Une organisation caritative américaine a proposé une idée (peut-être irréaliste) pour aider le Népal à se relever de cette catastrophe : elle appelle à un effacement de la dette du pays.

Le Népal est 145e sur 187 dans l’indice de développement humain des Nations Unies et est lourdement endetté. Le pays doit 3,8 milliards de dollars à des prêteurs étrangers et a dépensé 217 millions de dollars en remboursements de dettes en 2013.

Le pays doit notamment 1,5 milliard de dollars à la Banque mondiale et à la Banque asiatique de développement et 54 millions au Fonds monétaire international.

Le Jubilee USA Network a appelé à une annulation d’une partie de la dette ou au moins à un ajournement de son remboursement, le temps que le pays se remette sur pied. « Alléger la dette du Népal fournirait non seulement des ressources dès maintenant, mais aiderait également le pays à se reconstruire », a dit Eric LeCompte, directeur de cette alliance religieuse pour le développement.

Avant/après

Quatre jours après le séisme qui a dévasté le Népal :

— Le bilan humain s’élève à 4 349 morts selon les derniers chiffres annoncés par le ministère de l’Intérieur.

— Le gouvernement estime que ce bilan pourrait être revu à la hausse et atteindre 10 000 morts dans les prochains jours. 

— Les spécialistes de l’imagerie satellite du programme des Nations Unies UNOSAT ont publié des photos du Népal avant et après le séisme. Dans celle présentée ci-dessous (lieu non spécifié), on peut voir l’apparition de nombreuses tentes après le séisme, ce qui montre bien que les survivants ont besoin d’abris. 

Analyse menée par l’UNITAR/UNOSAT.
Tous droits réservés : CNES 2015, Distribution Airbus Defence and Space

27 Avril

QUAND LA TRISTESSE LAISSE LA PLACE AU RESSENTIMENT

Alors que des centaines de milliers de Népalais se préparent pour une troisième nuit à la dure, certains commencent à se demander si les autorités du pays n’ont pas négligé les risques de séisme.

Nous nous interrompons ici pour ce soir, mais nous vous laissons avec un article d’analyse provocateur de notre rédacteur en chef Anthony Morland. Dans cet article intitulé « Pourquoi le Népal n’était-il pas mieux préparé ? », il se demande si le gouvernement népalais ignorait le risque de séisme à cause des luttes intestines d'ordre politique. 

« Au Népal, le Natural Calamities Relief Act de 1982 reste la réglementation phare en matière de réponse aux catastrophes naturelles. Un projet de loi plus actuel sur la manière dont les interventions devraient être coordonnées a été préparé en 2008, qui n’a toujours pas été débattu — et encore mois adopté — par le Parlement du fait de l’instabilité politique consécutive au conflit avec les rebelles maoïstes (1996-2006) », a-t-il écrit.

 

TIRER LES LEÇONS DU PASSÉ

Les organisations d’aide humanitaire répondent chaque année à des séismes de grande ampleur et, pourtant, leurs interventions se heurtent souvent aux mêmes critiques. Pour changer cela, l’ACAPS, un groupe de réflexion qui s’intéresse aux performances des organisations humanitaires, a dressé une liste des principales leçons tirées des urgences passées et propose des recommandations pour celle qui touche actuellement le Népal. En voici quelques-unes : 

— L’afflux de centaines d’organisations humanitaires, dont beaucoup étaient mal informées, a posé de gros problèmes après le séisme de 2010 en Haïti. Pour éviter de répéter cette erreur, assurez-vous de déployer du personnel expérimenté et établissez des protocoles opérationnels dès le début de l’intervention.

— Le développement urbain rapide et le non-respect des codes du bâtiment ont rendu les infrastructures de Katmandou extrêmement vulnérables. La reconstruction et la mise à disposition de la population de logements adéquats sont essentielles pour une réponse efficace.

— Dégager les routes bloquées et déblayer les décombres est une priorité. Identifiez dès le début des espaces pour les abris et pour les déchets.

— Les populations locales ont des relations étroites, des compétences personnelles, des aptitudes organisationnelles, des normes et des valeurs importantes, des leaders efficaces et la capacité de prendre des décisions. Faites donc appel à elles.

— Les articles de secours d’urgence doivent être adaptés à la culture locale et des aides monétaires doivent être attribuées aux familles touchées dans l’attente d’un logement permanent.

— Il faut faire preuve de prudence sur les terrains difficiles : les pentes raides sujettes aux glissements de terrain restent dangereuses.
 

LES DIFFICULTÉS À VENIR

Notre envoyé spécial Obi Anyadike a écrit un article abordant les difficultés auxquelles seront confrontés le Népal et les organisations humanitaires dans les prochains jours. En voici un résumé : 

— Voies de communication en mauvais état, de nombreuses routes ayant été détruites. Vols retardés de plusieurs heures (voir la mise à jour à ce sujet un peu plus bas).

— Manque d’espace de stockage pour l’aide acheminée par voie aérienne.

— Manque de tentes dans les campements de fortune.

Vous pouvez lire l’article en entier ici.

 

CRÉMATIONS DE MASSE TANDIS QUE LES RECHERCHES CONTINUENT

La journaliste Juliette Rousselot nous a envoyé cette image effroyable de l’incinération de plusieurs cadavres sur le site de crémation de Bhaktapur.


Mme Rousselot vient de publier un article sur le site d’IRIN à propos de la quête de survivants enterrés sous les décombres de Katmandou et d’autres villes. Elle fait état de l’espoir qui persiste de voir les sauveteurs retrouver des personnes encore vivantes. 

« Plus le temps passe, plus les chances de retrouver des survivants sous les décombres s’amenuisent. Mais il y a encore de l’espoir. Peder Damm, de la Croix-Rouge danoise, a dit à IRIN que les histoires passées faisant état de survivants ayant été secourus jusqu’à 10 jours après des catastrophes renforcent la détermination des équipes de sauvetage à poursuivre leurs efforts ».

15 AVIONS « ATTENDENT DE POUVOIR ATTERRIR »

Information inquiétante de Flight Radar 24 : l’aéroport de Katmandou manque de places de stationnement pour les avions, qui doivent attendre des heures avant de pouvoir atterrir. Les avions transportant des travailleurs humanitaires et du matériel de secours devront probablement eux aussi attendre. 

LA TECHNOLOGIE AU SECOURS DES RESCAPÉS

Plusieurs entreprises de technologie proposent des systèmes innovants pour améliorer l’intervention humanitaire au Népal.

Dans l’ensemble, Internet continue de fonctionner dans le pays. Mais, selon la société de surveillance Dyn, la connectivité pourrait être interrompue dans certaines zones, laissant de nombreux villages et hameaux dans l’incapacité de se connecter.

Google a relancé Person Finder, une application en ligne permettant aux gens de publier ou de chercher des informations sur des proches touchés par une catastrophe. Le groupe n’a pas fourni de données immédiates sur l’efficacité de l’outil, qui suivait environ 5 000 dossiers lundi 27 avril au matin. 

Facebook a activé Safety Check, qui réalise un suivi des utilisateurs se trouvant dans le périmètre d’une catastrophe en se basant sur la ville indiquée sur leur profile ou sur le dernier lieu dans lequel ils se sont connectés pour la dernière fois. L’application demande alors à ces utilisateurs de confirmer s’ils sont sains et saufs ou s’ils ne se trouvent pas dans la zone sinistrée. 

La Croix-Rouge dispose également d’un outil en ligne permettant aux gens de signaler l’absence de nouvelles de proches. Si ces derniers sont encore en vie, ils peuvent alors l’indiquer sur le site.

Les programmes technologiques à visée humanitaire ne concernent pas seulement les outils de recherche d’individus. Le service de téléphonie en ligne Viber – qui permet habituellement aux gens de téléphoner à bas prix par le biais d’Internet – a désactivé la facturation de tous les appels passés depuis le Népal. 

 One Hour Translation offre gratuitement ses services pour aider les travailleurs humanitaires à communiquer avec la population locale, qui parle environ 120 langues différentes. Les organisations humanitaires et autres peuvent par ailleurs utiliser gratuitement le système d’imagerie par satellite haute résolution Global Finder avec le nom d’utilisateur « nepal » et le mot de passe « forcrisis ».

Des initiatives locales font également leur apparition. Le groupe technologique Kathmandu Living Labs, par exemple, a mis au point une carte interactive des dégâts.  


IMAGES MONTRANT L’AMPLEUR DE LA CRISE

Cette carte du groupe d’analyse humanitaire ACAPS montre l’ampleur de l’impact du séisme sur le Népal. Jusqu’à présent, les organisations humanitaires n’ont pas pu accéder à de larges parties du pays en dehors de Katmandou. Des pluies sont par ailleurs prévues pour les trois prochains jours. 

 

L’image ci-dessous, publiée sur Twitter sous le pseudonyme Salokya par Umesh Shrestha, journaliste, serait la première photo prise par un drone de l’antique cité de Bhaktapur, qui a été fortement endommagée par le séisme.

L’intervention humanitaire – mise à jour :

Voici quelques informations supplémentaires sur l’avancée de l’intervention humanitaire :

   — Le gouvernement népalais a officiellement demandé l’aide de la communauté internationale et a déclaré l’état d’urgence. Le Central Natural Disaster Relief Committee (CNDRC), un organisme gouvernemental de gestion des catastrophes, a tenu une réunion d’urgence, suivie de rencontres avec le gouvernement et des organisations humanitaires. 

 — La réponse humanitaire internationale n’en est qu’au stade de la mise en place. En dehors de Katmandou, les rares informations disponibles sur les districts proches de l’épicentre du séisme signalent que de nombreuses zones n’ont pas encore reçu d’aide. Un spécialiste de l’humanitaire intervenant au Népal a dit à IRIN que l’accès à de larges zones du pays était impossible. 

— L’aéroport de Katmandou ne semble pas avoir subi de dommages importants et est ouvert aux vols des secours d’urgence

 — Les équipes internationales de recherche et sauvetage d’un certain nombre de pays et des grandes ONG internationales arrivent au Népal. Bien d’autres sont attendues dans les heures qui viennent. « Les efforts devront être extrêmement bien coordonnés », a dit à IRIN Shawsat Saraf, directeur régional des opérations d’Action Contre la Faim en Asie. « Nous allons devoir faire très attention à ne pas rester concentrés dans les centres urbains et les zones les plus visibles. Nous devons nous assurer que les rôles et responsabilités soient clairement répartis et que la circulation des informations se fasse sans entraves. »

— Le système sectoriel a été activé : les groupes santé, abris, protection, eau et assainissement (WASH) et éducation se sont tous réunis le 27 avril au matin avec les agences des Nations Unies, le gouvernement népalais et les ONG locales et internationales. 

— Plus de 30 millions de dollars d’aide humanitaire ont été promis jusqu’à présent. Une liste actualisée des promesses de dons figure plus bas sur cette même page.

— Jamie McGoldrick, représentant du programme des Nations Unies pour le développement au Népal, a appelé à une intervention rapide. « Il est essentiel d’agir rapidement et avec efficacité », a-t-il dit. « Nous devons faire en sorte que d’autres vies ne soient pas perdues et accorder la priorité aux besoins des plus vulnérables. »

— Le groupe d’analyse humanitaire ACAPS a prévenu que des répliques sismiques devraient encore se faire sentir pendant quelques temps et que les trois jours de pluie annoncés risquent d’aggraver la situation. « Les répliques risquent de causer des dommages supplémentaires et d’affaiblir encore davantage les infrastructures », a dit l’ACAPS dans une note d’information. 

UN BILAN QUI RISQUE D’AUGMENTER

Voici quelques informations supplémentaires de notre entretien avec Shawsat Saraf, directeur régional des opérations d’Action Contre la Faim en Asie. M. Saraf a averti que le bilan humain risque d’augmenter fortement dans les prochains jours, à mesure que les travailleurs humanitaires parviennent à s’éloigner de Katmandou. Actuellement, les routes sont bloquées et ils n’ont tout simplement pas accès aux populations se trouvant près de l’épicentre du séisme. 

« Une grande partie des informations publiées proviennent de Katmandou et de sa périphérie. Très peu d’informations nous parviennent depuis les districts touchés et plus particulièrement depuis les districts proches de l’épicentre. »

« Cela s’explique dans une certaine mesure par les problèmes d’accès, car certaines routes sont bloquées et certains réseaux de communication sont hors service dans les zones sinistrées et à Katmandou. »

« Il nous semble que dès que nous pourrons mener une évaluation de la situation et atteindre les populations des zones rurales et semi-urbaines en dehors de Katmandou, nous aurons soudain une image bien différente de la catastrophe, à la fois en termes de nature et en termes d’échelle. »

Il faut donc s’attendre à une forte augmentation du nombre de victimes. En 2010, la Société nationale de technologie sismique du Népal avait prédit qu’un séisme à Katmandou pourrait faire 100 000 morts.

UN PROBLÈME ANCIEN

Le Népal est particulièrement sujet aux séismes, car une faille tectonique traverse le sud du pays. En 1934, Katmandou avait déjà été pratiquement détruite par un séisme de 8,4 sur l’échelle de Richter. Cet article du Wall Street Journal présente une carte de la faille tectonique et montre comment le séisme s’est produit. 

COUVERTURE MÉDIATIQUE DE LA CATASTROPHE

L’Everest est mentionné dans 23 pour cent des articles d’actualité sur le sujet, alors qu’il concerne moins de sept pour cent des décès.

LE PROBLÈME DE LA MALNUTRITION N’EST PAS NOUVEAU

Le séisme est une nouvelle tragédie, mais la malnutrition est un problème qui préoccupe depuis longtemps le Népal. D’après le Programme alimentaire mondial, 41 pour cent des enfants de moins de cinq ans présentent un retard de croissance, 29 pour cent ont un poids insuffisant et 11 pour cent sont émaciés. Dans les régions montagneuses, dont certaines ont été gravement touchées par le séisme, jusqu’à 60 pour cent des enfants sont atteints de malnutrition chronique. 

Pour de plus amples informations, lire l’article d’IRIN (en anglais) « Five reasons malnutrition still kills in Nepal. » 

« UN MILLION DE PERSONNES AURONT BESOIN D’AIDE »

L’organisation non gouvernementale (ONG) Action Contre la Faim (ACF) estime qu’un million de Népalais environ auront besoin d’aide humanitaire à la suite du séisme. Les lignes de communication ont été endommagées à travers tout le pays et les pénuries d’eau sont très préoccupantes, a dit Leah Oatway, porte-parole d’ACF, à IRIN. 

Un travailleur humanitaire de la Croix-Rouge soigne un Népalais blessé

Un travailleur humanitaire de la Croix-Rouge soigne un Népalais blessé

LES PROMESSES DE DONS

Voici une liste mise à jour, mais non exhaustive, des promesses de dons les plus importantes faites au Népal. Si vous remarquez des oublis, faites-nous-en part sur Twitter : @irinnews.

Royaume-Uni — 7,5 millions de dollars

Canada — 5 millions de dollars 

Australie — 4 millions de dollars

Norvège — 3,9 millions de dollars 

Émirats arabes unis - 1,36 millions de dollars

Nouvelle Zélande — Au moins - 1 million de dollars

Corée du Sud — 1 million de dollars

États-Unis — 1 million de dollars 

Taïwan - 300 000 dollars

Inde — Pas d’engagement financier pour l’instant, mais une promesse d’apporter tout son soutien 

Pakistan - Quatre avions C-130 transportant un hôpital de 30 lits, des équipes de recherche et sauvetage, des articles de secours d'urgence

Sri Lanka — Matériel de secours d’urgence 

Qatar - Pont navale

Israël - Équipes de recherche et sauvetage 

Chine — Équipes de recherche et sauvetage 

Allemagne - Équipes de recherche et sauvetage 

EN QUOI LES SÉISMES SONT-ILS DES CATASTROPHES DIFFÉRENTES ?

Les organisations d’aide humanitaire n’interviennent pas de la même manière lorsqu’il s’agit d’un séisme que pour les autres types de catastrophes. L’impact a tendance à être plus concentré et il y a plus de blessés, de morts et de décombres (qu’il faut immédiatement déblayer). Le groupe de réflexion humanitaire ALNAP a rédigé un document faisant le point sur 30 ans d’expérience en matière d’intervention postséisme.

Voici quelques-uns des points clés de ce document :

— La phase de relèvement dure généralement de trois à cinq ans.

— Les organisations d’aide humanitaire doivent planifier dès le départ de passer relativement rapidement de la phase de secours à court terme aux opérations de relèvement.

— Trop souvent, les opérations menées à la suite de catastrophes naturelles élargissent de manière involontaire le fossé entre les riches et les pauvres. Les organisations humanitaires doivent prendre conscience que leur intervention ne sera pas neutre et elles doivent chercher à éviter d’accentuer les inégalités.

— Il ne faut pas trop s’inquiéter de la présence de cadavres. Le danger qu’ils représentent pour la santé publique est relativement limité. Dans la mesure du possible, il faut donc permettre aux survivants d’enterrer leurs morts. Les enterrements faits sans le consentement des familles sous prétexte de préserver la santé publique risque d’être source de colère.

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LEÇONS TIRÉES DES PRÉCÉDENTS SÉISMES

Des séismes surviennent chaque année à travers le monde, pourtant les organisations d’aide humanitaire mettent souvent du temps à tirer les leçons de leurs précédentes expériences. Trois mois après le tremblement de terre qui a dévasté Haïti en 2010, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies a publié un document très critique reprochant aux organisations humanitaires d’avoir raté une bonne occasion de démontrer l’efficacité de l’aide internationale.

« Malgré une mobilisation impressionnante de la communauté internationale, la qualité des résultats a été fortement affectée par des contraintes très considérables, liées à l’amplitude du désastre, au flux non contrôlable d’ONG souvent non expérimentées, à la nouveauté du contexte urbain et aux faiblesses du leadership global », déplore le rapport.

Ces leçons sont-elles enfin assimilées ?

UN SCÉNARIO CATASTROPHE QUI DEVIENT RÉALITÉ

Deux ans avant ce séisme dévastateur, Kyle Knight avait écrit un article pour IRIN dans lequel il demandait à des experts d’imaginer les dommages que pourrait causer un séisme qui frapperait Katmandou. 

Leur modélisation de cette éventualité qui est malheureusement devenue réalité soulignait que la préparation aux catastrophes au Népal était limitée, alors que Katmandou est la ville « la plus dangereuse au monde » en termes de risques de catastrophe naturelle.

Dans les jours qui viennent, l’acheminement de l’aide à Katmandou sera très difficile. Il s’agit en effet de l’une des capitales les plus hautes du monde. « Haïti est une île, ce qui signifie qu’on peut y accéder par la mer. Katmandou est beaucoup plus isolée qu’une île », avait averti le directeur d’Oxfam au Népal en 2013. 

Vous pouvez lire le reste de l’article ici.

RÉFLEXIONS RELATIVES À KATMANDOU

Martin Dawes, travailleur humanitaire, journaliste et ancien habitant de Katmandou, a fait part à IRIN de ses réflexions concernant le séisme.  

La vulnérabilité des habitants de la très peuplée vallée de Katmandou était évidente. Elle ne s’explique pas seulement par la grande pauvreté de la population, véritable melting-pot mêlant les cultures hindoue et bouddhiste. La faute revient particulièrement aux bâtiments en brique qui s’élevaient de plus en plus haut et semblaient se dresser de chaque côté des routes et se presser le long des rues où le passage des voitures, des vélos et des piétons pressés était presque incessant.

« Bonne chance pour sortir de là si tout s’effondre », me disais-je à la manière de ceux qui ont conscience d’un danger dont ils ne peuvent rien faire pour se protéger. 

On en parlait parfois, lorsqu’un nouvel étage apparaissait en haut d’un bâtiment sur le chemin du travail. Des restrictions en matière de construction commençaient à être appliquées pour épargner les routes principales et les artères devant être ouvertes rapidement en cas de catastrophe. Mais, par la force des choses, les gens construisaient où ils pouvaient à mesure que les quartiers résidentiels s’étendaient pour loger une population croissante dans la cuvette qu’est la vallée de Katmandou.

Vous pouvez lire ici (en anglais) la suite des réflexions de M. Dawes. 

PÉNURIE D’EAU POTABLE 

Vers 17 h 30 GMT, la journaliste Mallika Aryal a communiqué à IRIN cette information récente : 

Les gens campent dans les rues par crainte des répliques sismiques. Il y en a eu 25 depuis la première qui a été ressentie à midi. La dernière a eu lieu vers 7 h 55, heure népalaise. 

Pénurie d’eau potable. Les boutiques proches de l’endroit où je me trouve sont en rupture de stock. 

La nuit sera froide pour ceux qui dorment dans des tentes. Nombre d’entre eux sont des enfants en bas âge. 

La plupart des monuments de la vallée de Katmandou et des alentours ont souffert, tout comme les vieux bâtiments, mais les constructions plus récentes ont elles aussi été fortement endommagées.

Les « prévisions » peu fiables attisent la crainte dans les rues de Katmandou. 

FAIRE LE DEUIL DE SES VOISINS

Le 25 avril, vers 15 h GMT, le journaliste népalais Naresh Newar, qui vit à Katmandou, a envoyé cette actualisation : 

Internet est hors service et la 3G fonctionne, mais la couverture est mauvaise. J’ai aidé mes voisins. Il y a eu six morts dans la maison d’à côté et nous ne sommes pas parvenus à les dégager des décombres. Deux grands bâtiments se sont effondrés. De nombreuses personnes se sont réfugiées dans mon appartement, car la plupart se sont retrouvées sans domicile. De nombreuses maisons sont en ruines.

[La population est] de plus en plus déprimée face au stress de devoir reconstruire les maisons. Dans notre quartier de New Dhobighat, près du périphérique, la plupart sont des familles à faible revenu.

De nombreuses personnes sont maintenant dehors et tentent de dormir dans le froid. Il n’y a plus rien à manger et peu d’eau. Les gens commencent déjà à prendre froid. 

Une poignée de maisons sont sûres. Je fais partie des chanceux. 

Les grands médias internationaux et certaines organisations humanitaires envoient des alertes qui ne font qu’alarmer encore plus la population qui est déjà paniquée et peu préparée à faire face à une nouvelle secousse éventuelle. J’essaye du mieux que je peux de les calmer, mais ce n’est pas facile. Le traumatisme prend de l’ampleur. 

« TOUT LE MONDE ATTEND DÉSESPÉRÉMENT DES INFORMATIONS » 

Le 25 avril vers 14 h GMT, Juliette Rousselot, journaliste indépendante à Katmandou, a dit à IRIN que la capitale était plongée dans le chaos. 

« De nombreux monuments historiques de Katmandou, dont des sites figurant au patrimoine mondial de l’UNESCO, ont été complètement détruits par le séisme. C’est le cas de presque tous les temples des places Basantapur et Durbar, dans le centre de Katmandou », a-t-elle dit. « La situation serait similaire sur la place Durbar de Patan et à Bakhtapur. Comme ce sont des sites très touristiques, il y avait beaucoup de monde dans et autour des temples au moment du séisme et de nombreuses personnes se sont retrouvées enterrées sous les décombres. »

Mme Rousselot a ajouté qu’il est encore difficile d’avoir des informations de l’extérieur de Katmandou, car les lignes téléphoniques sont saturées et Internet est lent.